29/03/2012

Interview. Agathe Bonitzer, suivez cette fille !



Photo : les Films Hatari
Fille de Pascal Bonitzer et Sophie Fillières, Agathe Bonitzer (23 ans) est, à mon sens, une des jeunes actrices les plus prometteuses du cinéma français. On la retrouve le 4 avril dansA moi seule, le nouveau film de Fréderic Videau, inspiré (seulement, c’est une fiction) par l’affaire Kampush. A voir pour son parti-pris de neutralité - aussi intéressant que dérangeant - et pour le jeu très maîtrisé de la jolie rousse. Aux côtés d’un Reda Kateb, excellent en ravisseur tourmenté, elle irradie l’écran de sa grâce de faon blessé. Rencontre. 

Qu’est-ce qui vous a décidé à jouer le rôle, a priori angoissant, d’une victime d’enlèvement et de séquestration ?
Je me doutais que Frédéric Videau ne ferait pas un film sur la perversion. Et en lisant le scénario, je me suis sentie totalement en phase avec ce que son propos avait d’inédit. Car il s’agit d’une relation indicible entre deux êtres où l’on ne sait qui, du ravisseur ou de la victime, a l’emprise sur l’autre.

Gaëlle, l’adolescente que vous interprétez, est tout de même le jouet d’un manipulateur.
Le personnage joué par Reda a certes un problème, mais il n’a rien d’un psychopathe. Gaëlle parvient du reste à se construire pendant ses années de captivité, en dépit de l’étrangeté de la situation. Lorsqu’elle s’en sort, c’est une jeune fille équilibrée, « normale ».

Comment se sont passés la préparation et le tournage du film ?
Le scénario merveilleusement écrit de Frédéric me suffisait amplement pour travailler le rôle. Cela dit, nous avons beaucoup décortiqué le personnage de Gaëlle ensemble, par pur plaisir d’en discuter. Sur le plateau, l’ambiance était cordiale. Je me suis entendue à merveille avec le réalisateur et Reda Kateb qui est doux et gentil. Malgré les difficultés - nous tournions beaucoup de scènes la nuit dans la forêt, en plein mois de janvier - je me suis découvert une énergie, une force que je ne me connaissais pas.

Une Bouteille à la mer de Thierry Binisti (sorti en février) puis A moi seule… l’année 2012 commence fort pour vous. Quand vous voit-on au théâtre ? 
Le hasard fait que ces films très différents ont été programmés à deux mois d’intervalle, à peine. J’espère qu’A moi seule rencontrera son public, comme le film de Binisti. Quant au théâtre, j’ai été dirigée par Michel Fau en 2011 dans Britannicus de Racine. La littéraire que je suis (Agathe est en master de lettres modernes, NDLR) ne pouvait rêver mieux. Continuer à naviguer des planches au grand écran, c’est tout ce que je souhaite !
A moi seule réalisé par Frédéric Videau sort en salles mercredi 4 avril. 



22/03/2012

Musique. La Bestiole ou l'esprit rock


Olivier Azzano (guitares, chant) et Delphine Labey (chant, batterie),
c'est la rencontre de deux univers qui donnent naissance à La Bestiole.

La Bestiole, duo composé de Delphine Labey et Olivier Azzano chante du rock français qui claque, tache un peu et que l’on compare souvent à celui des White Stripes. Sans doute parce que la chanteuse Delphine (elle écrit ses textes) joue de la batterie debout, comme Meg White. Le talentueux guitariste-compositeur, Olivier, biberonné aux sons de Téléphone, Trust, AC/DC et Thiéfaine, se sent plus proche des Black Keys. Dans le son, c’est juste.
Mais c’est vite passer sur la voix de Delphine et sa présence intense, perceptible même en son absence physique. La voix est grave, sensuelle, planante : Madame puise ses influences dans le jazz-blues, Billie Holiday, Ella Fitzgerald et la chanson française, côté Nougaro, Brel ou Ferré. De l’écouter, mon cœur s’emballe, mon sang circule plus vite dans mes veines. 
Et je ne touche pas aux substances illicites.

Tomber sur toi, l’album. Voir La Bestiole sur scène, à la Maroquinerie, la Cigale ou l’Olympia (où elle a électrisé en 2009 le public de Joe Bonassana, dont elle faisait la première partie), c’est une expérience. Retrouver cette énergie live dans son nouvel album, en vente ce vendredi, une très belle surprise ! « Notre duo s’est formé en 2005. Jusqu’alors, cependant, nous ne parvenions pas à produire un support qui révèle l’énergie des concerts » constate Delphine. Etre vivant sur CD, comme sur scène. Cette obsession les a tenaillés tout au long de la réalisation de Tomber sur toi, mixé aux studios Davout et porté par le label Bad Reputation qui accompagne notamment The Love me Nots, en France. Nerveux, tenu d’un bout à l’autre des dix morceaux, jamais il ne nous lâche -  l’album gagne haut la main son pari. Le plaisir est immense, l’addiction probable. Cette Bestiole-là n’a pas fini de me faire voir la vie (et les éléphants) en rose.
     1 - Tomber sur toi
          La Bestiole

15/03/2012

Beauté. Comment j'ai eu rendez-vous avec les anges


Créé par Coralie Carbonel, Les anges ont la peau douce propose
des soins et des massages d'une demi-heure.

Les anges n’ont pas de sexe, dit-on. J’avoue que je n’ai pas poussé très loin l’enquête. En revanche, je suis sûre qu’ils ont la peau douce. Comme moi, lorsque je suis sortie de cet élégant institut de beauté, situé à un jet de pierres de la salle Pleyel, dans le 17earrondissement parisien. Histoire de faire connaissance, j’avais opté pour « le rendez-vous des anges », une des douze cérémonies du visage (48 €).
Doux rituel. Tout commence par un démaquillage délicat, suivi d’un gommage qui débarrasse ma peau harassée par l’hiver de ses impuretés, sans être abrasif le moins du monde. Suit la pose d’un masque, puis d’un élixir frais comme la rosée que mon épiderme boit avec ferveur. Je suis au ciel. Les mains expertes de Mélanie m’ouvrent alors les portes du paradis, en massant mes épaules et mon visage. Un maquillage express plus tard –  cette fine mouche de Mélanie a réussi à retrouver le ton du rouge à lèvres que je portais en arrivant –, et me voilà requinquée. Le tout en une demi-heure top chrono.

Premières impressions. Un peu anxieuse, je m’observe dans le miroir.  D’ordinaire, ma peau réactive prend feu pour moins que cela et j’ai un comité de rédaction dans la foulée… 
Mes craintes s’envolent avec les anges : j’ai les traits reposés, le teint lumineux et la peau toute douce. Je pars avant qu’il ne me pousse des ailes. Ce serait un peu excessif.
Lounge beauté. 254 rue du faubourg Saint-Honoré Paris 8e. www.lesangesontlapeaudouce.com

08/03/2012

Beau livre. S'il-te-plaît, dessine-moi un costume de scène


« Au théâtre, l’habit fait le moine », disait Jean-Louis Barrault. Certains costumes donnent, il est vrai, une enveloppe précieuse à l’âme du rôle. Je me souviens avoir vu Le roi se meurt, interprété par Michel Bouquet à la comédie des Champs-Elysées, en 2010. Le jeu des acteurs, tous talentueux, y était comme magnifié par les costumes de Pascale Bordet, auteur des Cahiers secrets d’une costumière de théâtre, sorti en janvier 2012.
Acteurs, je vous aime. Pascale Bordet chérit les comédiens. Elle qui vient d’une famille de taiseux, où règnent les non-dits, apprécie la liberté avec laquelle : « ces drôles d’animaux faits d’ombres et de lumière expriment leurs émotions ». 
Etre costumière de théâtre, c’est sa façon d’accompagner l’expression du sentiment « Le comédien se sert du texte. Moi, j’essaie que son costume en dise tout autant » explique t-elle. Son art de signifier se passe de verbe.

Vu des coulisses. En plus d’être un régal pour les yeux - ses esquisses et aquarelles sont de pures merveilles  - son ouvrage nous dévoile ses secrets de fabrication, souvent prosaïques (avant tout, le costume doit être solide) et parfois poétiques.
Il est aussi truffé d’anecdotes tendres ou rigolotes sur l’envers du décor au théâtre. On y découvre ce qui se passe derrière le rideau et que le public ne voit jamais. Les artifices, les tics, le trac, les essayages, les loges, les manies et les petits caprices des acteurs, les porte-bonheur qu’elle glisse au fond de leur poche le soir de la  première…
Avec générosité et humour, page après page, cette bonne fée "au dé à coudre" met en scène son quotidien. Et nous révèle les multiples aspects de son métier d'artisan faiseur de rêves. Merci Pascale !
Cahiers secrets d'une costumière de théâtre de Pascale Bordet. Photos de Laurencine Lot. HC éditions. 45 euros. 

01/03/2012

A la rencontre d'Hélène Loussier, peintre de l'intime


La course. Technique mixte sur toile. Galerie Mondapart.

Chapeau 5. Aquarelle sur papier marouflé. 
Pourquoi, soudain, un tableau nous touche t-il ? Je me pose souvent la question. Sans attendre de réponse. Car justement, c’est une fulgurance inexplicable, un accident de la couleur, l’attitude d’un corps, un déséquilibre, une ligne de fuite qui attrapent l’âme et nous immobilisent devant la toile.
Celles d’Hélène Loussier sont baignées d’ombres et de lumière. Elles racontent des histoires. Des histoires d’enfance, de vie, des histoires de l’intime, dit-elle : « Mon processus de création est très méditatif, quasi hypnotique. Je pose une tache d’encre ou de couleur sur la toile et je l’observe. Longtemps. Je lui laisse le temps de trouver sa place, d’évoluer. Elle m’échappe totalement. Puis je tente d’extraire ce qu’elle m’évoque. Vient un moment où je bifurque vers la signification avec un personnage, une image... Mais je ne cherche ni à analyser, ni à démontrer. Juste à suggérer ».  A celles et ceux qui se laissent embarquer de poser leurs mots sur ses oeuvres. 
Hélène Loussier. Photo : Claude Iverné
Bio express. Née en 1960 dans une famille d’artistes, Hélène « traverse » (selon ses propres termes) Hypokhâgne, l’Ecole Penninghen, les Beaux-Arts de Paris. Puis elle s’installe à New-York et Londres. De retour dans l’Hexagone, elle enseigne les techniques du dessin et participe à des expositions en France, en Corée, aux États-Unis… Certaines de ses illustrations sont en couvertures des romans d'Actes Sud. Elle a également édité un journal aléatoire intitulé La vie d’Artiste.
L'actu d'Hélène :  www.loussier.net