31/01/2013

Escapade. A Port Lligat, dans l’intimité de Dali


L'anse de Port Lligat depuis la terrasse de la maison Dali.
Rendez-vous à la casa. Tandis que l’expo Dali attire les foules au centre Pompidou, je vous propose une virée en Espagne, sur les terres catalanes chères au peintre. Et plus précisément dans la maison, composée d’un ensemble de baraques de pêcheurs, qu’il rénova de 1930 à 1970, à Port Llignat, à côté de Cadaquès. C’est là, à une quarantaine de kilomètres du théâtre-musée de Figueras, que le peintre et Gala passèrent les étés les plus sereins de leur vie commune et que subsiste l’écho de leur bonheur. Dès le vestibule, l’ours empaillé et le canapé aux formes des lèvres ourlées de l’actrice Mae West donnent le ton d’une visite, entre surréalisme et naïveté. On y découvre l’atelier, la chambre où Salvador s’était fait installer un système de miroirs lui permettant d’assister au lever du soleil depuis sa couche, ainsi que les petites pièces à vivre en enfilade. Assez spartiates, elles regorgent néanmoins d’objets « daliens » : œufs symboles de fertilité, animaux naturalisés (rhinocéros, cygnes) etc. Dans le pigeonnier du jardin, un film donne à voir les facéties de l’artiste-clown, tandis que la piscine, décorée aux couleurs de Pirelli (la marque de pneus), est kitchissime.

Le village de de pêcheurs de Cadaquès, en Catalogne.

Et après. Au nord de Port Lligat, empruntez le sentier de randonnée qui mène au cap Creus. La balade  d’environ 4h aller-retour offre des vues superbes sur la grande bleue. Dans le charmant village de Cadaquès, paradis des chats et des Français - ne vous attendez pas à parfaire votre catalan-, il fait bon arpenter les ruelles pavées, divinement calmes hors saison. Le soir venu, rendez-vous pour l’apéritif au bar du Casino, une institution où les Espagnols tapent la carte et font des paris, avant d’aller dîner sur le port dans le savoureux restau de poissons Casa Nun. A moins que vous ne préfériez Cala d'Or, cantine dans son jus tenue par un enfant du pays, dont la grand-mère cuisine le risotto comme à la maison. En journée ou le soir s’il fait beau, goûtez aussi en terrasse aux savoureux tapas et oranges pressées bourrées de vitamines de MUT. Attention toutefois à ne pas trop en commander, sous peine que la serveuse ne vous prévienne que « Cette fois, c’est le dernier » (sic!). Mais avec un peu de chance, peut-être aura t-elle reçu un presse-fruits électrique à Noël…

- Casa Museu Salvador Dali 17488 Port Lligat. Infos : www.salvador-dali.org (visite sur réservation). Restaurants et bar à tapas à Cadaquès : Casa Nun, Placa Port Ditxos, 6. Cala d'Or, Sa Fitora 1.  MUT, Port Doguer.  http:// mutedition.tumblr.com





24/01/2013

Roman. Sylvie Germain efface son personnage


Cela sonnait comme un avertissement. Hier soir, les voisins d’Aurélien ont pendu la « crémaillère du vide », en référence à la rénovation minimaliste de leur appartement. Plus de bibliothèque, plus de livre, tout sur ordi. Presque un autodafé. Ce matin, Aurélien se sent déphasé, vaguement déprimé. Il met sa mélancolie sur le compte de sa mauvaise nuit.

Genèse à l’envers. Aurélien n’abuse que lui. Car c’est de sa vie que sonne le glas. Du dimanche jusqu’au samedi, durant sept jours, il va ainsi se dissoudre, s’effacer. Peu à peu, il disparaît du champ corporel, olfactif, visuel de ses proches. Et se noie dans leur indifférence. Ses révoltes, ses tentatives pour accrocher l’attention de Clotilde, son amoureuse coquelicot, ou le regard d’une mère qui le conçut un soir d’été dans un jardin public avec « l’amant fulgurant », tout est vain. Il n’est déjà plus que le lecteur pour s’émouvoir du désespoir d’un homme de papier et d’encre, qui prend chair en même temps qu’il meurt, sous la plume de Sylvie Germain. Alors, bien sûr, chacun interprétera à sa façon cette lente disparition. Est-ce une maladie mentale qui plonge Aurélien dans l’oubli de lui-même ? Ou la métaphore d’une précarité qui fait brutalement basculer parmi les invisibles de la rue, des hommes et femmes dits normaux ? Le beau passage où Aurélien rencontre un SDF semble le suggérer. Comme attiré par l’homme, dont la pestilence éloigne les autres passants, Aurélien s’en approche. Il le fixe et « supporte le regard qui le brûle, l’incise comme il supporte l’infection ». Quitte à attraper le virus. Mais peu importe l’interprétation, après tout. Pourvu que, comme moi, vous goûtiez la puissance de ce récit envoûtant.

Sylvie Germain est notamment l'auteur de Le livre des nuits, L'enfant méduse, Tobie des marais... Hors champ a été publié en 2009 chez Albin Michel, puis en 2012 au Livre de Poche.

17/01/2013

DVD. Quand Renoir peint…

Le vieil homme contemple de toutes jeunes femmes s’ébrouant dans l’eau claire d’un ruisseau. Quasi aveugle, il perçoit l’écarlate d’une robe et forme sur sa toile un halo de couleur, à pleurer de beauté.
Interprété avec une maestria bougonnante par Michel Bouquet, le Renoir de Gilles Bourdos est un film dont l’esthétique éclabousse chaque image. Mais pas seulement. En creux, et sous réserve de se laisser aller à ses penchants contemplatifs – fans de poursuites en bagnoles, passez votre chemin ! -, on y perçoit l’angoisse de l’artiste déclinant, que son arthrose menace d’empêcher de peindre. Et la souffrance de ses enfants mâles, comme réduits à néant par son écrasante aura.

La groupie de l’artiste. Il faudra le regard aimant d’une femme, Andrée, modèle des derniers jours de Pierre-Auguste Renoir, pour que Jean, son fils cadet, affronte enfin la vie et son destin de cinéaste. Muse du père comme du fils, Andrée, interprétée avec finesse par la ravissante Christa Theret (la fille de Sophie Marceau dans Lol), parsème cette fiction de sa sensualité  impressionniste. En Jean Renoir revenant de guerre, le jeune Vincent Rottiers, dont l’accent loulou surprend de prime abord, m’a finalement conquise par son désarroi et sa sincérité. J’en fus même pour ma petite larme... Alors, un conseil, faites comme moi, lâchez prise et laissez le charme agir !

- Renoir de Gilles Bourdos, En VOD, Blu-ray et DVD France Télévisions Editions depuis le 2 mai.  En savoir plus sur ww.allocine.fr

10/01/2013

Foulard. Onikann renouvelle le genre

Carrés Onikann en twill de soie, modèles Ima (50x50 cm) et Plume (65x65 cm).

La presse féminine en fait des tonnes cette saison pour nous le répéter sur tous les  tons : le foulard, c’est tendance. OK. Mais pour éviter le look dadame, mieux vaut y réfléchir à deux fois avant de piquer le carré de soie de maman. Parmi les nouvelles marques fashion, Charlotte Sparre et Onikann ont donné un sérieux coup de jeune à cet indispensable accessoire.

Lavallière Ika (170x23cm).


Stylé. J’ai une tendresse particulière pour l’allure et les imprimés funky des carrés gavroche d’Onikann, à nouer négligemment sur le côté, façon Audrey Hepburn. Créée en 2011 par Anne Boivin, designer textile free lance de linge de maison ou d’accessoires mode – pour Agnès B, notamment -, la marque propose de petites collections de soieries fabriquées entre Lyon et Paris. Ses modèles fétiches sont la lavallière, produit iconique de la maison  - à nouer dans les cheveux ou bien autour du cou – le carré, en petit et grand modèle, et la manchette en soie qui fait un élégant bracelet. Très actuels, ses imprimés ont ce « je ne sais quoi » qui retient l’œil et donne de l’éclat à la fille qui les porte. Question de lumière, de saturation de la couleur. « Je travaille à partir de photos que je place côte à côte ou que je mixe. La nature ainsi réinventée devient extraordinaire au sens d’étrange » explique Anne. En plus de cette nature sous cocaïne, où les dahlias – fleurs fétiches de la créatrice - épousent les plumes, son univers graphique dégage un chic un peu techno. Et le foulard se fait addictif !
En vente sur  : www.onikann.com au Bon Marché Rive gauche (Paris 7) et chez Franck&Fils (Paris 16).


03/01/2013

3 raisons de s’offrir un week-end à Metz

Le hall d'entrée du centre Pompidou-Metz.
1 - Le centre Pompidou-Metz. Le petit frère de Beaubourg mérite à lui seul qu’on saute dans le TGV pour admirer l’édifice, conçu par les architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines. Ses volumes élégants évoquent le chapiteau d’un cirque imaginaire, aussi monumental qu’aérien. Et mettent en valeur une programmation d'un grand éclectisme, à découvrir sur : http://www.centrepompidou-metz.fr

2 - Les balades en ville. Des abords de la gare, construite par les Allemands aux heures sombres de l’annexion (entre 1905 et 1908),  renommée pour son architecture tarabiscotée, dont je ne suis pas une inconditionnelle, direction la place du marché aux vivres de la citadelle, puis le centre-ville, en longeant les bords de la Moselle. Le centre messin est un enchevêtrement de quartiers médiévaux et de monuments dont la pierre ocre évoque les villes italiennes. Hormis la magnifique cathédrale gothique Saint-Etienne, et dans l’ordre subjectif de mes souvenirs, ne ratez pas les vitraux  de Cocteau dans l’église Saint-Maximin, promenez-vous sous les arcades de la place Saint Louis, allez voir la Porte des Allemands et faites le tour des remparts. Flânez aussi sur la place Saint-Jacques, dans le quartier des artisans, truffé de petites échoppes sympas.

Ciel d'hiver le long de la Moselle.

3 - Les gourmandises terrestres. Le marché couvert, qui jouxte la cathédrale, occupe les bâtiments du palais épiscopal, commencé en 1785 et demeuré inachevé. Ce bel endroit est incontournable pour faire le plein de produits frais. Faites aussi un saut à la pâtisserie-salon de thé Namur, juste en face. Mes papilles gardent un souvenir ému de La parisienne, un craquant garni d’une ganache au café. Délicieux. Autre spot des becs sucrés : la pâtisserie de Franck Fresson, surtout connu pour ses macarons. Enfin, le restau la Goulue, à la déco années folles, est à juste titre renommé pour sa cuisine qui fait la part belle aux poissons, juste bien cuits, et aux petits plats tradis mais pas trop. Bon appétit !