25/04/2013

Inaro. Boire, manger et refaire le monde

Un bistrot à découvrir pour l"ambiance et l'assiette. Photo Jean-Marie Heidinger

Comme à la maison.  Entre bar à tapas et bar à vins, Inaro est un îlot de convivialité, à deux pas de la place de la République. Ouvert en juin 2012 par Johan Bonnet et Pierre Alexandre Fouquet,  ce comptoir gourmand - le vin y est gouleyant, les assiettes plantureuses - évite le cliché nappes à carreaux- déco vintage et opte pour un design classieux tout de bois clair (du chêne). Trentenaires enjoués, nos hôtes y reçoivent leurs convives d’un soir avec un plaisir communicatif. Et se mêlent à eux pour discuter le bout de (pas) gras, une fois le service terminé. « L'échange est  au coeur du concept. On apprend à se connaître et à force je sais quoi proposer aux habitués » note Johan. Sympa.

Assiettes de la terre ou la mer mettent le produit
brut à l'honneur. Photo. JM Heidinger
Du bon, du bon… et du meilleur ! Sous leurs airs décontractés, Johan et Pierre Alexandre n’en sont pas moins pros. Ils ne plaisantent pas avec la qualité des produits, ici triés sur le volet. Les rillons viennent de chez Hardouin le Tourangeau, les poissons fumés de  la Maison Lucas à Quiberon, le jambon de Paris (succulent !) de Doumbea dans le onzième arrondissement… Même exigence avec les vins de petits producteurs, élevés en biodynamie pour la plupart, qui sont proposés au verre (du bon/4 €, du meilleur/6€, de la balle /9€) ou à la bouteille. Quant aux desserts concoctés par ces deux amateurs de bonne chère et les glaces Mary Gelateria, un must,  ils achèvent de mettre ma ligne en péril…

- Inaro est ouvert à partir de 18h, du mardi au samedi au 38, rue René Boulanger, Paris 10e.

18/04/2013

Jazz. Françoise Fognini, acrobate vocale


Les couleurs de la vie. Les yeux bleus-verts. La voix groovy, voix-instrument lorsqu’elle part dans un scat endiablé, chaloupée ou cristalline si ça lui chante. L’univers, à dominante jazz qui soudain se métisse et dérape vers des rythmes latinos…Femme libre, Françoise Fognini chante le jazz comme elle croque la vie, sans a priori. Avec un appétit de découvertes insatiable. « En toutes choses, je ne redoute rien tant que la monotonie » dit-elle tout sourire. Evoluer, se remettre en cause sans cesse, c'est sa dope.


Richard, David, Manu, Eric et les autres. Formée à bonne école, celle de Niels Arestrup pour qui les arts scéniques – théâtre, conte, cirque, chant etc. – se nourrissent les uns des autres, elle a choisi de ne pas choisir. Comédienne de théâtre, casteuse pour Canal + à la grande époque de Nulle part ailleurs, voix off de Groland et coach scénique pour d’autres artistes aujourd’hui encore, elle n’a jamais perdu de vue ses amours enfantines pour la musique. Entourée de sa bande de musiciens -  Richard le pianiste, Manuel le contrebassiste, David le batteur et Sylvain le trompettiste -, d’Alban l’ingé-son, une « oreille » en or massif, et d’Eric l’ami producteur, elle trace sa route en mode compagnie. De scènes en clubs de jazz parisiens, le quintet a rodé ses titres avant de lancer son premier album Place Vendôme. Entre standards du jazz arrangés à la sauce Françoise et créations éclectiques nourries de son imaginaire débridé, le disque à la facture élégante et accessible est déjà coup de cœur  de la Fnac. Et ce n’est rien à côté d’une recommandation de Chapeau ! Enfin, je vous recommande vivement d'aller la voir sur scène : la meilleure façon de prendre toute la mesure de son talent.
– Suivre toute l'actu de l'artiste : françoisefognini.com


11/04/2013

Collaboration. Difficile d’être artiste en temps de guerre !

Didier Sandre et Michel Aumont dans Collaboration. Photo Bernard Richebé.

Il est des histoires d’amitié qui ressemblent à de l’amour. Celle que vécurent Richard Strauss et Stefan Zweig, à l’aube de la montée du nazisme en Allemagne, en est une. Collaboration, pièce de Ronald Harwood - scénariste de Le Pianiste et Le Scaphandre et le Papillon au cinéma - restitue l’irrésistible attirance qu’exercèrent l’un sur l’autre ces deux géants, sur fond de leur création commune d'un opéra bouffe La femme silencieuse, en 1935.

Scènes de la vie artistique. Aussi féconde fut la collaboration entre Strauss et Zweig, aussi profond fut leur différent quant à l’attitude à adopter face au régime hitlérien. Enfermé dans sa fièvre créatrice et prompt à faire abstraction – voire à louvoyer – avec la terreur, le compositeur ne parvint pas à prendre la mesure des tourments de son ami écrivain. Condamné à devenir un Juif errant en fuyant l'Autriche pour le Brésil, Stefan Zweig n’accepta en effet jamais que l’Europe, berceau de la culture et des arts qu’il aimait tant, plonge dans l’obscurantisme. Magnifiquement interprétée par Michel Aumont en Strauss entier – sans être caricatural – faisant face à la sensibilité quasi féminine d’un Didier Sandre - Stefan Zweig tendu comme la corde d’un violon, Collaboration est une pièce musicale et tourmentée. Elégante comme une valse viennoise (de Johann pas Richard Strauss)... J’en suis sortie en ressassant l’éternel questionnement de la condition du créateur sous la dictature. Un beau moment.
- Collaboration, mise en scène Georges Werler, est à l’affiche du théâtre de la Madeleine (Paris 8e) www. theatremadeleine.com 


04/04/2013

Port-en-Bessin. Une bouffée d’iode à 3 heures de Paris

Relevée ce week-end à Port-en-Bessin, cette affirmation : « Nous sommes dans le petit St Trop’ de la côte normande » est à l’évidence exagérée. Mais une fois rendu à Honfleur ce qui lui appartient, je reconnais un charme certain à ce port de pêche artisanale – le premier de Basse-Normandie -  fort bien filmé par Alix Delaporte (tiens, tiens…) dans Angèle et Tony.
Flânerie. Moins préservé que le pays d’Auge, le débarquement fit ici des ravages, Port, pour les intimes, séduit par son authenticité un peu rude, ses chalutiers qui fleurent bon le poisson frais et ses marins virils sanglés dans leur combi de pêche cirée. On y lézarde au Café du Port – une institution – avant de faire le plein de produits locaux à l’épicerie Le Marché de Lalie. La cave y est excellente et le sommelier de bon conseil. Puis, après avoir acheté soles, cabillauds et coquilles Saint-Jacques en saison (d’octobre à avril) le quart du prix de Paris à la halle aux poissons, baladez-vous jusqu’au phare. La vue sur la haute mer y est décoiffante (!). Côté tour de Vauban et par temps dégagé – une gageure – vous apercevrez au loin les pontons d’Arromanches, mis en place par les alliés le 6 juin 1944. Des vestiges émouvants de la seconde guerre mondiale, ici gravée à jamais dans le paysage comme les mémoires.

A voir, à faire 

- Autour du débarquement. Le cimetière américain, les plages - dont Omaha Beach -, le petit musée
La chapelle Saint-Siméon (XIIIe)
Sainte-Honorine-des-Pertes
des épaves sous-marines sur la route de Bayeux. Sans oublier celui d’Arromanches et le Mémorial de Caen.
- Vieilles pierres. Bayeux, sa cathédrale gothique et ses hôtels particuliers XVIIIe.
- Se restaurer et séjourner. Derrière la plage de Saint-Laurent, le restau et les gîtes de La Sapinière sont aussi bucoliques que sympathiques.
- Prendre l’air. Belles balades sur la plage de Saint-Laurent ou au départ du VVF de Colleville, en remontant sur la falaise vers Sainte-Honorine-des-Pertes.