19/02/2015

Bonne table à Montmartre. Prenez le Maquis !


Kig Ar faz, le pot-au-feu breton.
Désolée pour les amoureux de la Corse, dont je suis, mais ce Bistrot du Maquis doit son nom à son emplacement sur la butte Montmartre, en lieu et place de l’ancien maquis, et son assiette n’a rien de méditerranéenne. Si André Le Letty, son talentueux chef breton, puise dans le terroir celte l’inspiration de certains plats, tels le Kig Ar Faz ou les sablés au beurre, c’est sans en rajouter. Ses recettes, un rien tradis (soupe aux potimarrons, rognons à la moutarde ou pressé de veau – un régal d’entrée -) s’autorisent quelques embardées exotiques, avec de ci de là des shiitakés ou des épices. Mais la touche demeure subtile, comme l’est la cuisine. Car de l’impeccable cuisson des poissons – chapeau pour le cabillaud demi-sel dont je me suis régalée ce soir-là – à celles du canard au sang, en deux services, les magrets d’abord, puis la cuisse « façon confit pas tout à fait confit » -  un hommage à la Tour d’Argent dont André fut premier sous-chef, tout est délicieux.

Dos de lieu jaune demi-sel à la vapeur, jus de coques.

L'ambiance en plus. L’accueil souriant de Madame, la gentillesse et le savoir-faire du chef qui a notamment exercé au Royal Monceau ou chez Taillevent, avant de monter l’Anacréon, l’Agassin (respectivement dans les 5 et 7e arrondissements) puis le Bistrot du Maquis, tout concourt à faire de cette maison un endroit auquel on s’attache vite. Jusqu’à avoir envie d’y revenir très, très souvent… D'autant que les prix sont raisonnables, eu égard à la qualité de la table : comptez à peine plus de 50 € pour un repas à la carte, verre de vin compris. Chéri, y’a rien dans le frigo, si on se faisait un restau ce soir ?


- Le Bistrot du Maquis. 69, rue Caulaincourt, Paris 18e Tél. 01 46 06 06 64.

05/02/2015

Théâtre. Chroniques du temps qui passe de François Morel

François Morel ou la mélancolie joyeuse. Photo Manuelle Toussaint.
Il entre en scène, seul en apparence. En apparence seulement, car avec lui entre son double : ce petit garçon imaginaire qu’il restera à jamais. Un enfant tendre, espiègle, qui fait exister une galerie de personnages un peu paumés, envoie sa balle dans le public, se travestit en fan de Sheila ou se rêve en Léon Zitrone surexcité commentant, non pas un tiercé, mais la naissance de Jésus à Bethléem. Et François Morel de pester contre l’haleine fétide du bœuf et l’hygiène approximative d’une crèche où cohabitent hommes, âne et… même un cochon. Tiens-donc, qu'est-ce qu'il fait ici, celui-là ?

La fin du monde est pour Dimanche. Sous prétexte d’un spectacle, un peu bricolé parfois, mais joliment, réécrit à partir de ses chroniques du vendredi pour France Inter, (celle du 9 janvier, deux jours après l’attentat contre Charlie, me valut un des moments d’émotion les plus intenses de la semaine) François Morel nous emmène dans son monde de finesse. Très loin des brutes. Un univers où il cultive le plaisir d'être un peu triste. Univers où l’insolite, les coïncidences deviennent la norme. Dans le métro me conduisant au théâtre du Rond-Point ce soir-là, d'ailleurs, je lisais un poche de Modiano... Si vous ne voyez pas le rapport avec la choucroute, allez voir La fin du monde est pour Dimanche. Une parenthèse enchantée en ce début d’année lugubre.

-  La fin du monde est pour Dimanche de et avec François Morel, Jusqu'au 28 février à 21h en semaine et le Dimanche à 15h au théâtre du Rond-Point, Paris 8. Net. www.theatredurondpoint.fr