29/11/2012

A la rencontre de Cécile Landowski, « Mademoiselle rêve » 

Le rossignol de l'empereur, conte d'Andersen, illustration de Cécile Landowski.
Cécile Landowski vue par Elodie Ravaux
Mademoiselle rêve de dessiner en apesanteur des histoires d’ici et d’ailleurs… Illustratrice free lance, Cécile Landowski assume sa personnalité de rêveuse « Je n’ai pas les pieds sur terre » constate t-elle. Elle puise ses idées dans les histoires qu’elle s’invente, celles qu’on lui raconte, et dans ses voyages en Asie dont les paysages stimulent son imaginaire. A 32 ans, cette ancienne élève de Penninghen a aussi suivi des études d’architecture intérieure et déjà bien roulé la bosse qu’elle n’a pas dans l’illustration d'albums pour enfants, surtout. Les contes de Grimm et d’Andersen lui ont notamment inspiré des dessins foisonnant de détails picturaux parfois surréalistes. Ils sont présentés à la galerie parisienne Jeanne Robillard. En plus de l’édition jeunesse où elle a aussi illustré des livres de cuisine  – la pâtisserie est une des passions de cette jolie gourmande - Cécile participe à des campagnes de pub et prête son talent décalé à Elle, Enfants Magazine ou Mon jardin ma maison.


Monotype à l'encre bleue, collection "Les Perfides"
Poétique et ludique.  Fan de son style qui laisse respirer l’imagination et traite à merveille l’espace comme le volume - formation d’archi oblige -, j’en ai fait la complice de Chapeau ! dont elle a créé l’image du bandeau. Eclectique, cette touche-à-tout a également dessiné les motifs de certaines soieries (foulards et cravates) de la Maison Hermès et des têtes de lit pour enfants chez Mademoiselle Tiss. Aujourd’hui, la jeune femme est attirée par  la scénographie « J’aime l’opéra et le théâtre, dans lesquels je rentre beaucoup par l’esthétique » et  la décoration de vitrines de cosmétique ou joaillerie.
Je vous invite à découvrir les  facettes de sa créativité sur son blog.






22/11/2012

Gastronomie. La deuxième vie de La Bigarrade

Nichée dans le saint des saints des Batignolles, La Bigarrade est une adresse confidentielle qu’on se chuchote, tant le lieu est petit (20 couverts) et la cuisine exceptionnelle. Créée voici quatre ans par Christophe Pelé, jeune chef basque de génie depuis doublement étoilé, elle a été reprise en mars  par Yasuhiro Kanayama. Un tokyoïte qui, en France, s’est illustré au Bristol, à l’Astrance puis au Bistral.

Saint-Jacques poêlée et choux fleur cru, jus de pomme verte.

L’eau à la bouche. Sachant que c’était ma table parisienne préférée du temps de Pelé, j’y suis retournée dîner vendredi avec une pointe d’inquiétude. Très vite, la magie a opéré. Car l’esprit de La Bigarrade demeure. Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, ce restau au design épuré offre toujours un menu unique – et oui, on ne peut choisir  -   à 85 €  les dix sept petites assiettes, amuse-bouche compris (hors boissons). Si comme moi, vous détestez ces dégustations pensums qui vous écoeurent au bout de deux entrées, n’ayez nulle crainte. Ici, chaque portion offre en cinq bouchées maximum l’âme d’un mets. Et quel mets ! Croustillant de polenta avocat et menthe divin de légèreté, accompagné de chips et consommé de topinambours relevé de crème de café, Saint-Jacques juste poêlée tendrissime sur choux fleur cru et jus de pomme verte, magret de canette rôti et son jus lié au sang... Ces recettes inspirées sont à la cuisine ce que la poésie est à la littérature.

Truite confite et tapioca,  huile truffée et coulis de chrysanthème.

Verdict.  La cuisine de Christophe Pelé était du vif argent dont les fulgurances électrisaient mes papilles. Plus calme, celle de Yasuhiro Kanayama m’a conquise par son inventivité et la douceur de ses enchaînements. Tel un haïku, poème japonais dont l’apparente simplicité délivre un message des plus subtils, elle laisse la priorité au produit et charme le palais par sa finesse. Merci Chef !

Canette rôtie accompagnée de choux pointu rouge.
- Restaurant La Bigarrade - Ouvert du mardi au vendredi midis et soirs et le samedi soir  – 106 rue Nollet 75017 Paris. tél. 01 42 26 01 02

15/11/2012

Bêtes de sexe. Prenons-en de la graine !

© Sexual nature / London's Natural History Museum
Je vous rassure tout de suite, loin de moi l’idée de comparer ici les atouts de Rocco Siffredi et consorts. Même pour vous dérider, certaines perches ne sont pas bonnes à saisir... Bêtes de sexe est une expo tout ce qu’il y a de plus scientifique, programmée au Palais de la découverte et produite par le National History Museum de Londres. Avec une décontraction très british, elle traite du sexe chez nos cousins à poils et plumes. Et nous apprend une foule de choses indispensables pour briller dans les dîners mondains. Rien de tel ainsi que de lancer, entre la poire et le fromage : « A propos, savez-vous pourquoi la nature a inventé la sexualité ? », ou bien : «  Pourquoi les femelles sont-elles exigeantes lorsqu’elles choisissent leurs partenaires ? », ou encore : « Comment les phasmes (ces insectes qui ressemblent à des brindilles) s’assurent-ils de leur paternité ? ». Petit effet assuré.

Du coq à l’âne. De l’histoire de la sexualité, à la reproduction avec ou sans sexe – à titre d’exemple, les lézards à queue de fouet, espèce exclusivement constituée de femelles, se reproduisent par clonage -,  en passant par leurs mœurs et modes de séduction, les us et coutumes des bêtes « au lit » sont passés au crible tout au long d’un parcours agrémenté de nombreuses photos et documentaires. Quant aux courts-métrages écrits par Isabella Rossellini qui se déguise en gros vers fluo pour asséner avec un second degré louable : « Si j’étais une luciole, j’allumerais mon cul le soir… », ce sont des  bijoux d’humour à visée pédagogique ! Seul bémol de la visite, sa dernière partie consacrée à la sexualité des humains est, comment dirais-je…, vraiment cucul.
- Bêtes de sexe, la séduction dans le monde animal. Jusqu’au 25 août 2013 au Palais de la découverte (Paris, 8e). Infos : www.palais-decouverte.fr/betes-de-sexe


Quelques perles 
© EPPCSI / Werner Drewblow / age Fotostock
- Mickael Memory. Les manakins, petits oiseaux colorés, séduisent leurs femelles par un étourdissant numéro de Moonwalk.

- A table ! Le règne animal est plein de filles intéressées à qui leurs soupirants apportent des cadeaux avant l’accouplement, de la nourriture généralement. Les araignées mâles n'ont pas intérêt à oublier leur panier gourmand : elles se font croquer si Madame n’a rien à manger.

- Raffinés. Les pingouins offrent des galets à leurs amoureuses. L’histoire ne dit pas si celles-ci les font monter en bague…

- Piece and love. Les bonobos, champions du sexe qu’ils pratiquent à outrance, s’en servent pour apaiser les tensions et renforcer les liens sociaux de leur communauté.


08/11/2012

Bijoux. Marine de Diesbach, le style et la couleur.

Depuis plus de dix ans, Marine de Diesbach imagine de délicats accessoires en laiton vieilli émaillé dont les perles de verre adoucissent le métal. Des bijoux fantaisie-chic (ça change du morbide-choc) qui donnent du peps à nos tenues les plus casual. Je craque pour ces charmantes babioles qui ne tombent jamais dans le toc et illuminent ce triste mois de novembre de leurs couleurs vives et féminines.

Question inspiration. Eprise du style art déco, cette ancienne attachée de presse spécialiste de mode s’inspire aussi des petits riens du quotidien qui " rebondissent dans ma tête " dit-elle et nourrissent son imagination. En ce moment, elle éprouve des envies de design des années cinquante et pique ses couleurs aux palettes de Miro, Pollock ou Kandinsky. Eclectique. Ses collections rétro et fashion à la fois portent de jolis noms : Céleste, Léa, Luce, Allegra, Mia, Mexico, Rio etc. Elles nous offrent des voyages imaginaires dans des pays qui évoquent l’Amérique du sud. Le tout à des prix fort raisonnables, puisque la plupart de ses modèles de colliers, barrettes, bagues et petits bracelets sont vendus autour de 55 € dans sa boutique.



Où les trouver ? A la boutique-atelier du 11, rue du Pont aux choux (Paris, 3e) - où vous verrez avec un peu de chance la jeune femme travailler à ses créations -,  chez Franck&Fils (Paris 16e), prochainement à la boutique du Musée d’Orsay ainsi que sur de très nombreux e-shop.

- Plus d'infos : www.marinedediesbach.com
e- shop : http://marine-de-diesbach.lexception.com/fr


01/11/2012

DVD. Et que vogue la Pirogue !

Soulemane Saye Ndiaye interprète Baye Laye, le capitaine de la pirogue. Photo Eric Névé.

Le propos. L’Afrique se meurt. Dans son petit village du Sénégal, Baye Laye, pêcheur de son état, n'a plus aucune ressource car le poisson s’est tari. Mais il aime sa femme qui le supplie de rester au pays. Elle sait ce qui trotte dans la tête des hommes. Partir. Prendre la pirogue, braver la mer et ses dangers pour rejoindre l’Europe, au risque de périr : un bateau sur dix disparaît à jamais. Cependant, le meilleur ami de Baye Laye et son frère révolté par sa vie de misère décident de tenter l’aventure. Seul navigateur expérimenté du village, Baye Laye se résout alors à les accompagner, à contrecoeur. Il est nommé capitaine de la pirogue et incarne l'unique espoir de parvenir à bon port pour ses passagers. Des hommes et une femme d’ethnies différentes qui cohabitent difficilement dans le bateau. Très vite, pourtant, la colère des éléments rend leurs humeurs bien dérisoires.

Coup de poing. La traversée est un calvaire filmé au plus près de la peur, puis la résignation de ces hommes qui ont tant l’habitude de souffrir. Le destin de l'Afrique se lit au fond de leurs yeux. Moussa Touré, réalisateur inspiré d’origine sénégalaise voit en effet dans son récit "une métaphore du pays qui part à la dérive, quand il n’y a plus d’horizon". Il filme les visages en gros plans qui osent durer. Chacune de ses images crève le cœur de sa beauté glaçante. Dépourvu de tout pathos, digne et brutal, La Pirogue est un chef d’œuvre grâce auquel le mot fraternité prend son sens. J’en ai (encore) le souffle coupé.

- La Pirogue est un film de Moussa Touré. Sortie en DVD Studio 37 le 19 février 2013.