06/12/2012

Cinéma. Tess ou le destin d’une femme sacrifiée

Natassja Kinski. Photo Bernard Prim, collection fondation Jérôme Seydoux Pathé. 
Ce chef d’œuvre inspiré de Roman Polanski qui porta à l’écran en 1979 Tess d’Uberville, roman de Thomas Hardy, ressort en version restaurée dans les salles obscures et en DVD. Un magnifique cadeau de fin d’année ! Me replonger dans ce qui fut une des expériences cinématographiques les plus mémorables de mon adolescence – avec le Molière de Mnouchkine  -, c’est comme ouvrir une boîte de Pandore dont s’échappent les émotions : émerveillement devant les paysages impressionnistes du Dorset anglais au 19ème siècle, recréés avec un souci du détail étonnant en Bretagne et Normandie pour les besoins du tournage, trouble des premières passions amoureuses, prémonition de la noirceur des hommes… Trente ans plus tard, le charme continue d’opérer.

Fatalité. Tess, c’est l’histoire d’une fleur née sur le purin d’une famille déchue. Une fleur condamnée à souffrir, que sa beauté radieuse désigne comme une victime expiatoire, à immoler sur l’autel du désir des hommes. A peine sortie de l’enfance, la jeune fille pressent sa malédiction et se tient à l’écart des jeux et des danses insouciantes des paysannes de son âge. Magnifié par le jeu de la lumineuse Natassja Kinski (18 ans à l’époque), dont le visage frémissant reflète la révolte intérieure, la pugnacité, la fierté et le désespoir, le film révèle l’essence du style polanskien et les obsessions du réalisateur. Un mélange de fascination pour les « natures » féminines, ces Eve dont la pureté pourrait sauver le monde, et d’attraction pour le côté sombre des êtres et des choses qui finit inéluctablement par l’emporter. Une fresque romanesque et désespérée, à voir ou revoir sans hésiter.

La version restaurée en 2012 de Tess est disponible en VOD, DVD et Blu-Ray (édition limitée). Infos : www.allocine.fr